Le mot de l’éditeur
Avril 2024
200
Les Éditions Fougerouse n’ont plus à faire la preuve de l’intérêt qu’elles portent à Byron. En 18 ans, nous avons fait davantage pour les études byroniennes francophones qu’il n’avait été fait durant tout le 20e siècle. Nous avons rompu avec cet amateurisme ronflant qui ne faisait que colporter des inexactitudes et des approximations, qui ne s’occupait que d’une partie de l’œuvre, ignorant tout de l’autre, qui s’entêtait à voir en cet immense poète ce qu’il ne fut jamais.
Que ce soit dans nos trois volumes de poèmes (Le Prisonnier de Chillon / La Lamentation du Tasse, Manfred, Mélodies hébreuses) ou dans les Dossiers lord Byron, nous avons proposé une authentique approche savante : des textes soigneusement traduits, annotés, expliqués, documentés. Nous avons offert au lecteur de nombreux inédits : poèmes, prose, lettres. Nous avons exhumé ou dévoilé des textes essentiels pour comprendre Byron : études, propos rapportés, hommages. Personne n’avait fait cela en France.
Cette année, nous allons plus loin encore.
Car cette année n’est pas une année comme les autres : le 19 avril 2024, nous célébrons le bicentenaire de la disparition de Byron. Pour commémorer cet événement, les Éditions Fougerouse publient conjointement un nouveau volume de poèmes et un nouveau numéro des Dossiers lord Byron.
Deux cents poèmes courts est un événement. C’est la plus vaste anthologie jamais parue : 200 poèmes sur les 318 que Byron écrivit tout au long de sa vie, de 1802 à 1824. Chaque poème a été traduit d’après la meilleure version connue, qui est le plus souvent la toute première, exempte de repentis et d’autocensure. Plus d’une dizaine de poèmes sont donnés dans des versions jamais publiées en France, plus longues, plus authentiques. Chaque poème fait l’objet d’une fiche technique complète indiquant la vraie date de composition, les mentions figurant sur les manuscrits, l’ouvrage dans lequel il fut publié pour la première fois. Pour chaque poème, une notice renseigne le lecteur, documents à l’appui, sur les circonstances dans lesquelles il fut écrit : quand, pour qui, dans quel but. Toutes les références culturelles ou sociales sont expliquées. Chacun peut enfin comprendre les poèmes et les apprécier à leur juste valeur.
Cette anthologie est aussi la première à montrer toute les facettes du talent de Byron : au lieu de ne privilégier que les poèmes « sérieux » (toujours les mêmes), elle propose aussi des textes plus légers, voire carrément humoristiques, d’une drôlerie souvent irrésistible. Elle dresse le véritable portrait de Byron : celui d’un homme complexe, vif et spontané, fondamentalement sincère.
58 de ces 200 poèmes sont totalement inédits en français : des poèmes de toutes les périodes de la vie de Byron, dont certains sont de véritables merveilles, que le lecteur pourra enfin découvrir. On trouvera parmi ces inédits les toutes premières satires de l’auteur, de beaux poèmes d’amour ou d’amitié, plusieurs poèmes politiques importants, des chansons, ou les ultimes poèmes écrits en Grèce, juste avant sa mort.
Deux annexes donnent la liste des recueils de poèmes courts parus du vivant de Byron, ainsi que celle des poèmes qui lui furent attribués à tort.
Deux cents poèmes courts est la consécration du travail de Davy Pernet ; cela faisait plus de 15 ans qu’il préparait cette anthologie. Gageons que la parution du livre lui ôtera un grand poids !
En parallèle à cet extraordinaire livre, nous publions le 17ème numéro des Dossiers lord Byron (toujours sous forme numérique et gratuite). Ce numéro retrace en détail la mort de Byron, et les réactions qu’elle provoqua en Grèce, en Angleterre, et ailleurs : l’autopsie, l’embaumement, les différentes cérémonies funéraires, mais aussi les disputes à propos de l’héritage, des Mémoires, et des premières publications posthumes.
Ce Dossier propose de nombreux documents inédits, parmi lesquels le registre de l’église de Hucknall Torkard, dans lequel une poignée de célébrités et beaucoup d’inconnus laissèrent en témoignages d’admiration des mots, des citations, des poèmes entiers. Il n’avait jamais été traduit. Un numéro idéal pour célébrer dignement ce bicentenaire.
En même temps que ce Dossier n°17, nous mettons en ligne une nouvelle version du Guide général, avec en prime une lettre du rédacteur à Antoine Gallimard, directeur de la célèbre maison d’édition. Très instructif pour qui veut comprendre comment on traite Byron en France, à notre époque.
Bonnes lectures !
Juin 2019
Enfin !
Enfin c’est arrivé ! Nous ne savions plus si nous l’espérions ou si nous le redoutions : les éditions Fougerouse ne seront pas le seul éditeur à n’avoir publié que des auteurs en B.
Car désormais s’ajoute à notre catalogue un nouveau poète, et pas des moindres : Samuel Coleridge, un des plus grands noms de la poésie anglaise, ami intime de William Wordsworth, de Charles Lamb et de Thomas de Quincey, inspirateur de Walter Scott, de lord Byron, de Percy Shelley ou d’Edgar Poe.
C’est une grande fierté pour les éditions Fougerouse d’être (avec les éditions Gallimard, s’il vous plaît), une des deux seules maisons d’édition à avoir publié une œuvre intégrale de cet auteur, et non un simple choix. En réalité, nous en avons même publié deux.
Notre nouveau livre, chose assez rare dans l’édition française, rassemble en effet les deux versions de la plus grande réussite théâtrale de Coleridge. Plutôt que de ne retenir que « la dernière version revue par l’auteur » comme le veut le dogme en vigueur, nous avons choisi de ne pas choisir et d’offrir au lecteur la possibilité de comparer les deux versions.
Et cela valait la peine : les deux versions de cette histoire restent marquées par des différences importantes, dans la construction comme dans le style. Mais elles sont surtout complémentaires : en modifiant son texte pour écrire Remords, Coleridge a laissé planer certaines ambiguïtés qui s’expliquent lorsqu’on lit Osorio. La comparaison entre les deux versions sera, nous l’espérons, d’un grand intérêt pour tous ceux qui voudront comprendre l’évolution de Coleridge au cours des quinze années les plus importantes de sa vie, celles au cours desquelles il a écrit toutes ses œuvres capitales.
Si l’on excepte la petite parenthèse d’“Agarite” dans les Rhapsodies de Pétrus Borel, Remords marque également notre retour au théâtre, onze ans après Manfred. Ces deux pièces ont d’ailleurs des liens étroits, que nous n’avions pas signalés à l’époque, peut-être parce que la pièce de Coleridge n’avait pas encore été traduite. Il était en quelque sorte logique que ce soit nous qui publiions Remords. Nous ne doutons pas que ceux qui ont aimé Manfred n’aiment également une de ses sources d’inspiration.
De manière générale, Remords passionnera certainement tous ceux qui s’intéressent au Romantisme. L’œuvre s’inscrit tout à fait dans la lignée des premières pièces de Schiller et dans celle des pièces de Kleist par sa part de rêve et de surnaturel. Elle n’est pas très éloignée du théâtre de Victor Hugo par sa façon de lier Histoire et destins individuels.
Elle surprendra également par sa modernité, notamment à travers le personnage d’Ordonio (Osorio dans la première version), dont la folie est dévoilée de manière très convaincante, par des propos alliant logique et délire. Un autre aspect moderne de l’œuvre est sa réflexion sur la liberté religieuse, et les rapports difficiles entre Christianisme et Islam, qu’elle aborde avec dignité et bienveillance.
Comme toujours, nous attendons vos réactions. Faites-nous savoir ce que vous aurez pensé de ces deux pièces et de notre édition. Nous serons heureux de vous répondre.
Attention : Remords fait l’objet d’un tirage plus restreint que nos précédents livres. Il s’agit d’un ouvrage de prestige, destiné à aux passionnés et aux connaisseurs, ce qui explique son prix légèrement plus élevé. Nous vous invitons à ne pas trop attendre si vous souhaitez vous le procurer.
Janvier 2019
13, votre chiffre porte-bonheur !
Les éditions Fougerouse fêtent cette année leurs 13 ans d’existence. Pour marquer l’événement, nous baissons le prix de nos 4 premiers livres.
Le Prisonnier de Chillon, Mélodies hébreuses et les Poèmes des sœurs Brontë sont désormais proposés au prix de 11 €. Manfred est désormais proposé au prix de 5,50 €.
Profitez-en pour les découvrir ou les redécouvrir ! (Attention : ne tardez pas, certains de ces titres seront bientôt épuisés.)
Octobre 2017
En ce bel automne nous mettons en ligne le 14ème numéro des Dossiers lord Byron, consacré au séjour du poète à Venise, entre 1816 et 1819.
Vous y trouverez un récit complet des années turbulentes qui donnèrent naissance à Beppo et à Don Juan, bâti sur des témoignages directs et fiables, donnant un aperçu aussi vivant que possible du quotidien de Byron à cette période : les salons et les théâtres qu’il fréquenta, sa collaboration avec les moines arméniens de l’île de Saint-Lazare, la frénésie amoureuse qui s’empara de lui, à laquelle mit fin sa rencontre avec son « dernier attachement » Teresa Guiccioli, à qui nous avions déjà consacré le n°1. C’est sans doute avec ce 14ème numéro que l’ambition encyclopédique des Dossiers lord Byron devient la plus évidente, le séjour à Venise recoupant de nombreux thèmes déjà abordés dans de précédents numéros : Teresa Guiccioli, les Shelley, Don Juan, lady Byron, etc.
En complément à l’imposante introduction, vous trouverez les deux principaux poèmes de Byron consacrés à Venise, dans des traductions nouvelles. L’un de ces poèmes était inédit en français.
Vous lirez également plusieurs témoignages de proches du poète, dont celui de Margherita Cogni, rapporté avec humour par Arsène Houssaye, ainsi qu’une série d’extraits de lettres et de poèmes de Byron commentant les monuments et les coutumes de cette ville si spéciale.
Soyez interactifs : n’hésitez à nous faire part de vos remarques sur les Dossiers ; faites-nous savoir ce que vous appréciez ou n’appréciez pas dans cette revue, et quels thèmes vous aimeriez voir aborder dans les prochains numéros.
Septembre 2016
Un ISSN pour les Dossiers lord Byron
Les Dossiers lord Byron ont enfin obtenu leur ISSN. C’est une forme de reconnaissance pour cette audacieuse revue, qui fêtera ses 7 ans en janvier prochain.
Les publications proposées uniquement sous forme numérique sont encore rares dans le paysage littéraire européen ; celles qui sont totalement gratuites le sont plus encore. Peut-être n’existe-t-il même pas d’autre exemple en France d’une telle revue. Pourtant, il est certain que ce modèle est appelé à se répandre.
En 6 ans, les Dossiers lord Byron ont beaucoup évolué, tout en restant fidèles à leur concept d’origine : essayer de traiter le plus complètement un thème par numéro. L’idée de départ était de constituer une sorte d’encyclopédie byronienne très complète et très fouillée, dont chaque numéro serait une entrée. Cela explique la grande diversité des sujets abordés.
Formellement, la mise en page s’est affinée, le contenu n’a cessé de gagner en quantité. Ainsi les deux numéros consacrés à Lamartine cumulent-ils un total de 79 pages A4, soit l’équivalent d’un petit livre de 100 pages. La taille des numéros s’est considérablement amplifiée : le n°1 (dans sa première version) ne comptait que 12 pages !, et les suivants une vingtaine ; le n°11 en compte 46, et le n°12 60 !
Qualitativement, il me semble que la revue a également beaucoup gagné : les introductions sont de plus en plus longues (le liste des notes aussi !), et elles regorgent d’informations précises ; on trouve au sommaire de nombreux textes inédits en français. Les numéros mettent d’ailleurs de plus en plus de temps pour être écrits : c’est un signe qui ne trompe pas.
Ce fut d’ailleurs le cas du n°13, que nous mettons en ligne ce mois-ci. Il avait initialement été prévu pour 2013, mais des circonstances extérieures en avaient empêché la réalisation. Le voici enfin. Il raconte, de manière extrêmement détaillée, avec un point de vue très équilibré, l’histoire catastrophique qu mariage de Byron et de celle qu’il appelait « l’instrument de sa destruction » : une femme étrange, au tempérament inflexible, peu faite pour épouser un homme aussi exceptionnel, mais dont le parcours se révèle finalement passionnant à retracer.
L’introduction est suivie de deux séries de textes dont certains sont entièrement inédits en français : tous les poèmes que Byron consacra lady Byron, et un choix que ceux que lady Byron consacra à Byron.
Si vous avez des idées pour de prochains numéros, ou si vous souhaitez écrire pour la revue, n’hésitez pas à nous contacter (editionsfougerouse@yahoo.fr).
Juillet-août 2016
Les éditions Fougerouse ont 10 ans !
Les éditions Fougerouse fêtent cette année leurs dix ans d’existence. Dix ans déjà ; dix ans tout de même. Ce n’est pas rien.
Quelques rencontres, l’envie de voir exister les livres que nous aurions voulu trouver dans les rayons des librairies, et tout se mit rapidement en place. L’inscription au registre du commerce, à l’été 2006, marqua la naissance officielle. Aucun livre n’était encore imprimé. Quatre projets avaient été retenus pour devenir les quatre premiers ouvrages de notre catalogue : deux traductions de lord Byron, une anthologie, et un texte francophone. Mais divers aléas nous obligèrent à revoir nos plans : l’anthologie, pourtant achevée, fut oubliée ; Manfred, qui devait passer le premier, fut repoussé ; Le Prisonnier de Chillon prit sa place et inaugura notre catalogue.
Ce premier livre parut en février 2007. Techniquement parlant, il était loin d’être parfait, mais il avait fier allure grâce à sa couverture romantique à souhait ; les illustrations intérieures étaient splendides et les traductions captivantes. À force de s’enrichir de notes et d’annexes, Manfred ne parut que l’année suivante. Cela n’était pas plus mal : nous avions déjà fait le choix de ne publier qu’un livre par an, mais de lui accorder toute l’attention qu’il mérite.
C’est ainsi que parurent les Poèmes des Brontë en 2009, les Rhapsodies de Pétrus Borel en 2010, puis les Mélodies hébreuses de Byron en 2011. Sans doute du fait de sa réputation d’œuvre mineure, et malgré un travail critique très poussé, ce dernier livre ne connut pas le succès de nos deux autres traductions de Byron. Il nous fallut de nouveau revoir nos plans : l’édition projetée du Ciel et la Terre fut écartée. Les années 2012 et 2013 ne virent aucune nouvelle parution. Le catalogue reprit en 2014 avec Le Trésor de la caverne d’Arcueil et autres récits, qui connut un vif succès, suivi en 2015 de notre première anthologie, Le Paon, un chef-d’œuvre vivant.
Ainsi, en dix ans, nous n’avons publié que sept livres. C’est peu au regard des quantités qui s’éditent chaque année en France. Mais pour nous, seule la qualité compte. Notre catalogue est probablement le plus mince du pays, mais on ne peut le confondre avec aucun autre. Il nous ressemble, et nous sommes fiers de chacun des ouvrages que nous avons publiés. Tous sont des nouveautés exclusives, qu’il s’agisse de traductions nouvelles ou d’éditions annotées de textes francophones ; rares sont les éditeurs qui peuvent en dire autant. Au lieu de répéter des lieux communs inutiles, tous nos livres ont un appareil critique inédit, contenant des indications qu’on ne trouve dans aucune autre édition, fruit d’une connaissance authentique et d’une recherche passionnée. Il en va de même pour nos bibliographies, qui sont exclusives et toujours très complètes, et pour nos illustrations, qui proviennent de nos propres collections.
Malgré cela, tout ne s’est pas passé exactement comme nous le rêvions pendant ces dix ans. Beaucoup de projets ont dû être abandonnés ; trop peu de propositions nous ont été faites. Tous nos livres n’ont pas eu le même succès. Ceux qui en ont eu y sont parvenus en dépit d’une indifférence presque totale de la Presse et de beaucoup d’acteurs de la vie culturelle. Mais, grâce au soutien de plus de 120 librairies partout en France (et aussi quelques-uns en Suisse, Belgique et Canada), nous avons néanmoins pu traverser cette décennie. Outre les ventes, ce qui nous a le plus aidé à tenir furent les courriers que nous envoient régulièrement des lecteurs enthousiastes. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre traduction de Manfred, nous écrivait en 2011 une lectrice ; je l’ai trouvée très fidèle à l’esprit du texte original, restituant mieux que certaines traductions versifiées la force dramatique de Byron. En outre, vous ne vous êtes pas contentés d’offrir au lecteur un beau texte, l’appareil critique et les lithographies qui l’accompagnent le rendent d’autant plus passionnant. Quel plus beau compliment pourrait-on faire à un auteur et à son éditeur ?
Nous ne publierons malheureusement pas de livre en cette année 2016. Mais nous avons de beaux projets pour l’avenir. Et puis nous continuons à publier les Dossiers lord Byron, qui sont téléchargeables gratuitement en ligne. Notre site a d’ailleurs fait peau neuve ; il est maintenant plus vivant et plus fonctionnel ; nous espérons qu’il vous plaira.
Merci à nos nombreux lecteurs ; nous espérons qu’ils continueront à encourager une démarche originale et difficile dont le but premier a toujours été l’amour de la littérature.
Mars 2015
Léon !
C’est une page nouvelle qui s’ajoute au catalogue des éditions Fougerouse. Avec Le Paon : un chef-d’œuvre vivant les auteurs sont toujours à l’honneur, mais un nouvel hôte fait son entrée : l’animal. Et pas n’importe quel animal : le paon, oiseau singulier entre tous, moqué autant qu’admiré, à la fois cible privilégiée des moralistes et inspirateur des poètes. Il nous semblait que son cas méritait bien un livre.
Souvent conçues dans un but purement commercial ou pour un public scolaire, les anthologies thématiques (sur le rêve ou la liberté par exemple) sont souvent décevantes. Les anthologies animalières le sont plus encore ; elles prennent généralement pour sujet les animaux les plus consensuels : chat, chien, cheval.
Notre nouvel ouvrage prend le contre-pied de cette production insipide. Par son sujet tout d’abord, celui d’un animal auquel très peu de livres ont été consacrés aussi bien en France qu’ailleurs. Le Paon : un chef-d’œuvre vivant est en effet le premier livre entièrement et uniquement consacré au paon en langue française, et très probablement la toute première anthologie au monde jamais consacrée à cet oiseau. Par sa conception ensuite, puisqu’il est le fruit d’une authentique passion et non d’une simple curiosité. Depuis plus de vingt ans Marie-Pierre Fougerouse accumule une vaste documentation sur les paons, et elle a eu tout le temps de repérer des textes tour à tour amusants, surprenants, ou véritablement magnifiques. Parmi les textes retenus, beaucoup sont méconnus, voire tout à fait inconnus, ce qui ajoute encore de l’intérêt à cette anthologie. Citons tout spécialement l’“Histoire du paon qui arrachait ses plumes” de Roumi, ou “La princesse Rosette” de Mme d’Aulnoy, bijou d’inventivité et de merveilleux.
Car, plus que la notoriété ou le talent des auteurs, c’est leur intérêt pour le paon que Marie-Pierre Fougerouse a souhaité mettre en avant, afin que chaque texte constitue une facette d’un portrait sociologique et psychologique complexe. Il est fascinant de voir ce portrait changer au fil de la lecture, de voir s’affirmer de siècle en siècle une aspiration à la beauté et à la sensualité longtemps réprimée. Il est également fascinant de voir le paon acquérir peu à peu son statut d’animal réel, sans cependant cesser d’être un symbole.
On aimerait lire d’autres anthologies de cette qualité.
(D.P.)
Dossiers lord Byron. — Le Dossier n°10 : “La publication de Don Juan”, a été mis en ligne à l’automne dernier. Les passionnés de Byron y liront l’histoire étonnante de ce poème et quelle bataille son auteur dut mener pour le faire publier ; ils y découvriront également l’ensemble des stances écartées avant publication, ainsi que d’autres trésors.
Le n°11, consacré à Percy et Mary Shelley, sera mis en ligne cet été.
Juin 2014
De(ux) retour(s)
Nous voici de retour après deux ans d’absence (ou presque : n’oublions pas les Dossiers lord Byron, qui commencent à se faire une réputation). Or ce retour est double, puisqu’il voit revenir l’irremplaçable Pétrus Borel !
Pour faire suite aux très belles Rhapsodies, nous avons souhaité dès l’été 2011 permettre à nos lecteurs de découvrir les récits en prose de Borel, dont la plupart n’étaient connus que de rares spécialistes ou collectionneurs. Le Trésor de la caverne d’Arcueil et autres récits donne enfin la possibilité de lire dans des conditions confortables (mise en page, illustrations, notes, sources, etc.…) des textes jubilatoires et stupéfiants, injustement oubliés.
Précisément, vous n’oublierez pas de sitôt Jérôme Chassebœuf, le « rustre » devenu vicomte ; Janiquette pourchassée sans répit par Lucquin Vivalde ; Miss Hazel courtisée par deux frères que tout oppose ; et tant d’autres. Le plus beau de ces récits, à la fois le plus fou et le mieux maîtrisé, est incontestablement “Le Trésor de la caverne d’Arcueil” : une histoire d’or et de magie se déroulant en un même lieu, mais à plusieurs époques différentes ; Borel y déploie le meilleur de son humour et de son inventivité. Pour moi (comme pour quelques autres), ce texte est le chef-d’œuvre de Borel. Et dire qu’il n’avait plus été publié depuis 1923 - c’est une aberration : il devrait être au programme de tous les lycées !
Cette édition devrait également ravir ceux qui aiment savoir comment naissent et s’écrivent les œuvres littéraires, puisqu’elle contient de précieuses notes indiquant les sources de plusieurs récits, et l’origine de toutes les allusions et citations. Il y a même toute une annexe sur l’origine du “Trésor de la caverne d’Arcueil”, avec une splendide gravure du XVIIIe siècle.
Un grand Pétrus !
Le Trésor de la caverne d’Arcueil et autres récits a reçu l’aide de la Région Rhône-Alpes ; nous remercions chaleureusement le Conseil Régional et l’ARALD de leur confiance et de leur soutien.
P.S. Borel, c’est encore un B !
Mai 2011
Byron, opus 3
Nous retournons à Byron pour notre cinquième publication, proposant une belle édition d’une œuvre mal connue et parfois mal-aimée. Les Mélodies hébreuses, parues en 1815, ont en effet cette étrange caractéristique d’être louées dans leur détail, mais non dans leur ensemble. L’on s’accorde à reconnaître qu’elles contiennent quelques-uns des plus beaux poèmes de Byron (et peut-être même quelques-uns des plus beaux poèmes tout court), mais on dénie au volume son bien-fondé et son unité. L’édition que nous publions - la première à réunir l’ensemble des poèmes et à présenter une approche critique dans notre langue - essaie de corriger ces incohérences, et de montrer combien ces Mélodies furent importantes dans le développement poétique de Byron.
Plusieurs des poèmes contenus dans ce volume, très difficiles d’accès jusqu’ici (et terriblement mal traduits), sont maintenant proposés au lecteur. Un poème contemporain des Mélodies hébreuses, intitulé Madeleine, n’avait jamais été traduit.
En ce joli mois de mai est également publié le sixième numéro des Dossiers lord Byron, consacré à Byron et Napoléon. À travers l’étude des poèmes et des lettres que Byron écrivit sur l’empereur, ce Dossier montre combien fut douloureuse pour le poète la chute de celui qu’il appelait « sa petite idole », et auquel il s’identifia très fortement. Outre une étude très fouillée sur l’influence des poèmes napoléoniens de Byron sur les poètes français, le lecteur pourra découvrir un poème étonnant du poète-prolétaire Ebenezer Elliott, et redécouvrir une belle élégie de Gaspard de Pons, écrivain aujourd’hui oublié.
Nous remercions les nombreux lecteurs qui nous ont, par courrier ou par courriel, adressé leurs remarques et leurs félicitations à propos de ces Dossiers, nous remerciant de notre approche « stimulante et vivifiante ». Nous espérons qu’ils ne seront pas déçus par ce nouveau numéro.
Deux autres sont déjà en chantier, le prochain promettant une belle surprise !
Janvier 2010
B comme… Borel !
Voici de quoi entrer dans les livres de curiosités : l’éditeur qui ne publie que des noms en B ! - Mais pas n’importe quels B : Pétrus Borel, qui se faisait appeler Le Lycanthrope, l’une des grandes légendes du Romantisme, oublié ou plutôt négligé au profit de moins doués que lui, mais qui résiste mieux qu’eux aux ravages du temps.
Personne n’avait réédité ses magnifiques Rhapsodies depuis 1922, et encore cette édition des Forces françaises, due à Aristide Marie, était-elle loin d’être irréprochable : presque rien ne subsistait de l’orthographe originale, la présentation avait été modifiée, et il manquait des vers ! (dans “Agarite”). Du moins bénéficiait-elle des belles gravures d’André Hofer, inspirées de Célestin Nanteuil.
Notre édition renoue elle aussi avec l’illustration, en reprenant les gravures de l’édition de 1832, auxquelles se joignent quelques autres figurant des scènes historiques. Le texte, rigoureusement vérifié, reprend sa forme d’origine, mais en bénéficiant de notes très détaillées expliquant le vocabulaire et les noms propres, et éclairant les circonstances et les correspondances de l’œuvre.
Pétrus Borel parlait une langue trop vive et inventive pour être appréciée à son époque, encore trop imprégnée de vieilleries classiques ; mais de l’eau a coulé sous les ponts, et son heure est maintenant venue : le déchaînement qu’il avait du mal à contenir, son intransigeance en matière de société, nous sont beaucoup plus accessibles. Aucun poète de sa génération (hormis Victor Hugo, évidemment) ne fait preuve d’un si parfait sens de la formule, à la manière des grands orateurs de la Révolution, dont ce Saint-Just qu’il admirait et qu’il cite à plusieurs reprises dans son recueil. Mais Borel, né après les désastres de ce bouleversement, semble aller plus loin que le lieutenant de Robespierre, et balayer d’un geste franc toute utopie. Il n’est pas étonnant que les Surréalistes l’aient salué.
Les Dossiers lord Byron
Au moment où sont mises en vente ces Rhapsodies tant attendues, les Éditions Fougerouse entament la parution de la première revue de langue française entièrement consacrée à Byron. Cette revue, à qui nous avons donné le titre de Dossiers lord Byron, sera mise en ligne gratuitement sur ce site, tous les deux mois environ. De longueur variable, elle traitera de toutes sortes d’aspects de la vie ou de l’œuvre de Byron, en s’efforçant de proposer des documents inédits ou rares.
Du fait de sa langue et de son lieu d’édition, cette revue privilégiera l’axe franco-anglais, éclairant les liens entre Byron et la littérature française, lesquels ne sont pas minces. Les thèmes en seront très variés : textes inédits, portraits de proches, témoignages, comptes-rendus, études critiques… Le Dossier n°1, déjà en ligne, est un portrait de la merveilleuse Teresa Guiccioli, le plus grand amour de Byron, sa muse durant plus de quatre ans.
Nous espérons que ces Dossiers susciteront de l’intérêt et de la curiosité, et qu’ils contribueront à faire de 2010 une grand année byronienne, notre prochaine publication étant justement une nouvelle édition de poèmes de Byron. - Toujours le B !
Mars 2009
B comme Brontë
Une année a passé depuis la parution de notre précédent ouvrage, au cours de laquelle vous avez été toujours plus nombreux à demander nos publications, ce dont nous vous remercions cordialement. Quelques courriers nous ont laissé entendre que notre approche des classiques modernes ne déplaisait pas, et qu’elle pourrait s’avérer stimulante : nous en serions comblés.
Fait rare, et qui restera probablement unique, notre nouvel ouvrage est l’œuvre de trois personnes : trois sœurs, incontestablement les plus célèbres de l’histoire de la littérature ; trois fascinantes jeunes femmes, douées et attachantes. On aura reconnu les sœurs Brontë, dont les écrits furent en quelque sorte le testament du Romantisme anglais. Trois personnes, cela veut dire trois personnalités, trois visions des choses, déclinées en mille facettes. Et ce volume de Poèmes, qui fut le premier livre qu’elles publièrent, est entre tous celui qui offre le plus large aperçu sur leur univers d’espoirs et de regrets, étranges et familiers pourtant. Beaucoup de ces poèmes furent écrits dans le cadre de ces immenses sagas que les Brontë rédigèrent avec passion ; d’autres relèvent d’une inspiration plus intime. Mais ils se fondent si parfaitement qu’on ne saurait distinguer les premiers des seconds.
Sans doute est-ce cette pluralité d’inspiration qui a découragé la critique, depuis le premier jour, et écarté de la pleine lumière ce magnifique recueil. La mémoire culturelle n’a jamais retenu les œuvres à plusieurs mains ; peut-on citer un livre, parmi les « grands classiques » qu’on donne à étudier à la jeunesse, qui soit le fruit d’une collaboration ? Les Ballades lyriques, Les Soirées de Médan, Les Champs magnétiques sont pourtant loin d’être négligeables. Que derrière les faux débats sur la paternité des œuvres se terrent de profondes questions de société qui viennent contredire l’idéal individualiste de notre époque, c’est ce qu’avaient vu les fervents défenseurs de l’écriture à plusieurs que furent André Breton ou Pierre Bourdieu.
Espérons que ces Poèmes des Brontë contribueront, au moins en partie, à effacer cette injustice.
Février 2008
Byron… et Byron !
Sans doute sera-t-on surpris de voir une toute jeune maison d’édition débuter ses publications par deux livres du même auteur, et qui plus est, d’un auteur déjà largement traduit en notre langue. Nous ne nous y serions pas risqués si nous n’étions sûrs d’apporter à la connaissance de cet auteur quelque chose qui n’avait pas été dit ; - sera-ce important, voire décisif ? Ce n’est pas à nous d’en décider.
Byron, peut-être le plus profondément poète de tous les Romantiques (« la plus grand nature poétique des siècles modernes », disait Lamartine) demeure encore largement méconnu. En France particulièrement, trop tôt adulé, trop vite lu pour certains aspects de son œuvre et de sa personnalité, il a été mal étudié ; des pans entiers de sa poétique sont restés occultés, et toute sa pensée en générale. Il est vrai que l’étude de la pensée des poètes est chose relativement récente, empêchée qu’elle était par mille préjugés, à présent définitivement tombés.
Or nous pensons qu’est venue l’heure de lire enfin attentivement ce grand poète. Déjà Anglais et Américains, depuis cinquante ans, se sont attelés à la tâche avec passion, et ont fortement enrichi les études byroniennes : éditions critiques soignées, études fouillées, revues, séminaires, expositions ne se dénombrent plus. Et la France, qui avait été à l’avant-garde du byronisme de 1820 à 1840, se contenterait de rééditer des biographies dépassées et de vieilles traductions imprécises - et toujours des mêmes œuvres ! Quelle déception ! Nous entendons au contraire rattraper les Anglo-américains, et faire pour Byron ce que firent Albert Béguin ou Armel Guerne pour le Romantisme allemand. « Noble quête », nous répliquera-t-on ironiquement. - Nous estimons qu’à moins, l’aventure ne valait pas la peine d’être tentée.
Comme tous les Romantiques, le Byron que nous préférons n’est pas celui de Don Juan, cynique et lassé ; nous trouvons au contraire que ce grand lyrique n’a jamais été aussi sublimement personnel que dans ses poèmes les plus purement romantiques, et entre tous, dans ce Manfred dont l’influence n’a pas fini d’exercer sa puissance. Ce poème, tout comme Le Prisonnier de Chillon ou La Lamentation du Tasse, justifie à jamais ces dénominations de « grand inspiré de la Mélancolie » et de « négateur géant » que lui attribuèrent ses admirateurs français (Musset, puis Hugo).
Loin de négliger les études antérieures, nos éditions de Byron proposent une approche différente, dégagée des clichés persistants qui empêchaient une lecture véritablement attentive. Sans préjugés, elles envisagent des éclairages nouveaux, auxquels l’œuvre elle-même invitait, et qu’on peut rassembler sous l’idée de spiritualité (religions, philosophie, ésotérisme, magie…). Nous espérons revenir bientôt sur cet aspect à peine entrevu de la pensée du grand poète.
Conçus dans une complicité entre éditeur et traducteur, nos publications entendent réconcilier la littérature des « grands noms » avec un plaisir de lecture auquel elle n’est plus guère habituée : illustrations choisies, espacement du texte et mise en page soignée, tout ce qui peut donner au lecteur l’envie de conserver précieusement nos livres.
Enfin, nous avons la volonté d’être à l’écoute de nos lecteurs ; ceux-ci sont cordialement invités à nous communiquer leurs avis, remarques, rectifications… et même leurs compliments ! Notre site propose des pages présentant les livres évidemment, mais aussi les auteurs, l’accueil fait aux œuvres, et le présent bulletin, qui sera renouvelé à chaque nouveauté.
Indice pour notre troisième publication : l’auteur n’en sera pas Byron !